Retour vers le futur // 1er juin 2013

Etudes sur Paris

De André Sauvage, 1928 - Accompagnement musical inédit de Giuseppe Gavazza

Et si l’espace des mobilités du Paris des années 20 avait déjà des attributs que nous recherchons aujourd’hui pour les espaces métropolitains de demain ?

Etudes sur Paris, de André Sauvage - 1928

> Un film d’hier pour penser aujourd’hui la ville de demain ?

Proposition du collectif Bazar Urbain et du laboratoire CressonENSA de Grenoble - En collaboration avec la Cinémathèque de Grenoble

Et si l’espace des mobilités du Paris des années 1920 avait déjà des attributs et des qualités que nous recherchons et projetons aujourd’hui pour les espaces métropolitains de demain ? A savoir, un foisonnement des mobilités et des usages au fil de la Seine et des canaux, une voirie partagée ou se croisent piétons, vélos et véhicules sans délimitation stricte au sol, des moyens de locomotion variés et inventifs tant dans leur forme, leur fonction que leur mode de propulsion, la marche urbaine omniprésente et peu canalisée et même la présence d’animaux à chaque coin de rue. Les mobilités participent du façonnement du paysage. Lorsqu’elles disparaissent, elles laissent presque toujours des traces. Elles peuvent disparaître, les traits d’espace quelles ont dessinés restent souvent présentes comme en creux ; une source de latences, de possibles.

Cette situation peut être donnée à voir à notre regard d’aujourd’hui grâce aux rares et magnifiques plans cinématographiques réalisés par André Sauvage en 1928 dans « Études sur Paris ». Ce film, souvent comparé à « Berlin, symphonie d’une grande ville » de Walter Ruttmann (1927), documente le quotidien urbain des années 20 à Paris. Classé en général avec les avant-gardes, André Sauvage nous laisse avec ce film un ensemble de vues sur les rues, avenues, boulevards, places, canaux et quais qui permet de saisir comment s’organisait ces espaces entre usages et mobilités.

Outre l’intérêt documentaire et historique qu’offre ce film, nous pouvons nous intéresser dans le travail d’André Sauvage à trois aspects :

  • D’abord sur ce qu’il choisit de filmer : ses vues sont de véritables « miniatures urbaines » comme les définit au début du siècle dernier Siegfried Kracauer, car elles ne séparent pas la dimension sensible, voire poétique, de la dimension sociale d’un phénomène. Cherchant à constituer un portrait de ville, à saisir une condition urbaine et non pas un reportage visant une quelconque actualité ou démonstration didactique, ces vues se focalisent sur un phénomène, un détail, un élément de ce que Kracauer nomme le « flux de la vie » : un croissement, une file, une situation originale, un rituel de la vie quotidienne, un mouvement de véhicule, un effet lumineux, un usage récurrent, etc. Véritable ethnographie urbaine par l’image.
  • Ensuite sur comment André Sauvage met en place une méthode pour réaliser ce portrait de Paris et de ses mobilités. Il se donne deux outils principalement : la traversée et le prélèvement. Il réalise en particulier trois traversées remarquables : la première, selon un tracé quasi géographique, au fil de la Seine et de ses canaux, déroulant en élévation autant le paysage que les usages. Une deuxième traversée, véritable transect qu’il nomme « Nord-Sud » où il rend compte des situations les plus variées qui se retrouvent le long de ce géométrique et quelque peu théorique tracé. Enfin une troisième traversée, embarquée et mécanique, car il s’agit d’une boucle avec la petite ceinture, encore en activité en 1928.
  • Enfin, à l’heure où se construit le Grand Paris, où se discutent ce que seront les mobilités et les espaces de demain, nous souhaitons mettre en perspective ce film par une analyse de ce qu’il nous montre justement des mobilités et de leurs espaces. On regardera en particulier cette implicite question du Grand Paris dans les traversées qu’effectue André Sauvage, dans l’importance de la vallée de la Seine comme élément structurant de la métropole, comme une autre image possible du partage des espaces publics, et comment les espaces publics sont aussi des lieux de travail.

Le film sera projeté dans l’auditorium de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, ancienne salle de la cinémathèque française, dans une superbe copie restaurée en 35 mm. Il sera accompagné par une composition originale de Giussepe Gavazza.

Ensuite pour en débattre seront présents :

  • Pascal Amphoux, architecte, géographe ;
  • François Grether, architecte, grand prix de l’Urbanisme ;
  • Dominique Marchais, cinéaste ;
  • Simon Texier, historien de l’architecture.

Retour vers le futur ? Serait-ce une façon de se référer aux ressources que les espaces de la mobilité nous offrent lorsqu’on les regarde aussi en tant que constructions historiques et comme question de mémoire ? De penser en acte la définition des possibles en tant que production collective, prenant forme concrète autour de représentations partagées qui se situent à la lisière entre l’image et le discours ? Serait-il possible d’utiliser avantageusement des documents à caractère « historique » dans de telles situations, où il est avant tout question des changements à venir ?

Musique originale composée et interprétée par Giuseppe Gavazza

un projet réalisé par :

Sylvain Angiboust, Docteur en Études cinématographiques, Université de Provence Aix-Marseille 1

Xavier Dousson, architecte, membre du collectif Bazar Urbain, chercheur au LACTH, enseignant à l’ENSA de Paris-Malaquais

Steven Melemis, architecte, membre du collectif Bazar Urbain, chercheur à l’IPRAUS, enseignant à l’ENSA de Paris-Malaquais

Nicolas Tixier, architecte, membre du collectif Bazar Urbain, chercheur au Cresson, enseignant à l’ENSA de Grenoble et à l’Ecole Supérieure d’Art de l’agglomération d’Annecy

Dans le cadre du programme expérimental de recherche-action 2012-2013 La grande ville 24 heures chrono, MCC / CAPA / AiGP.


Cité de l'architecture et du patrimoine
par Cite-architecture

http://www.ateliergrandparis.fr/24hchrono/

+ d'infos

Ville traversée
Paris

Lieu de projection
Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Paris

Date et heure
Le 1er juin 2013
à 14h00

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